
Quand j’étais petite, mes amies et moi jouions à être enceintes. On accouchait dans la salle de massage de ma grand-mère : la table de massage devenait notre lit d’hôpital, quelques huiles essentielles suffisaient à créer toute une ambiance. C’était tout un « setup », écoute ! Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, je verrais de vraies naissances de mes propres yeux.
En 2020, je suis devenue maman d’un petit garçon nommé Mendryck. L’accouchement a été plutôt difficile, et déjà, ma vie basculait. Avec tous les bouleversements vécus, un grand besoin de réorientation s’est imposé. Quand on devient mère, on donne naissance à un enfant… mais on renaît aussi soi-même. C’est comme si une nouvelle boussole intérieure se mettait en marche. C’est là qu’est née en moi l’élan de devenir doula.
En 2022, prête à entamer ma formation, je suis tombée enceinte une seconde fois, de façon imprévue. J’ai donc repoussé le début du cours. Et à peine six semaines de grossesse, notre vie a basculé : on a appris que Mendryck avait un cancer. Un neuroblastome stade 4 avancé. Le choc. J’étais enceinte, et j’accompagnais mon premier enfant dans une lutte où aucune issue n’était garantie. Les premiers jours, je me disais que je ferais sûrement une fausse couche. Comment mon corps pourrait-il tolérer une telle épreuve ? Et pourtant, non. Plus les jours avançaient, plus ce bébé s’accrochait. Nous avons vécu à l’hôpital pendant des mois. À 37 semaines de grossesse, après plus de huit mois d’hospitalisation, Mendryck a été transféré aux soins intensifs. Il était ..mourant. Je ne savais pas si j’allais perdre un enfant… et devoir en accueillir un autre, en même temps. C’était vivre les deux extrêmes. J’avais peur que ma fille ne rencontre jamais son grand frère. À ce moment-là, j’ai perdu toute force. Je me suis dit : je ne pourrai jamais accoucher, je ne suis plus capable. Je voulais une césarienne. J’étais à bout, psychologiquement. Mais ma sage-femme m’a ramenée. Je me souviens encore de ses mots, pleins de puissance : « Érika, une césarienne, c’est plus difficile à récupérer qu’un accouchement naturel. Tu vas être capable. Tu vas trouver la force. » Ces mots ont profondément résonné en moi. Je ne sais pas pourquoi… car sur le moment, je n'en ressentait pas, de la force. Et pourtant, j’ai choisi de faire confiance à la vie. C’était tout ce qui me restait. Mendryck, contre toute attente, a quitté les soins intensifs. Il a trouvé une force inattendue, et son rétablissement a été fulgurant. Quelques jours plus tard, j’ai donné naissance à ma belle Aura-Victoria. Une naissance rapide, magnifique, en maison de naissance. Dès que je l’ai tenue dans mes bras, j’ai su : je devais devenir doula. C’était une révélation. Je venais de traverser l’inimaginable, et pourtant, j’avais accouché physiologiquement. Je voulais que toutes les femmes sachent qu’elles portent cette force en elles. Qu’on peut enfanter, même quand tout semble s’effondrer. Quatre semaines après la naissance d’Aura-Victoria, Mendryck est enfin sorti de l’hôpital. Après 9 mois et demi d’hospitalisation, notre vie recommençait.
Aujourd’hui, je suis doula. Pas seulement pour aider les femmes à découvrir leur force intérieure, mais aussi pour soutenir les pères, leur faire prendre conscience de leur place, de leur importance. Parce qu’à chaque naissance, ce sont aussi des parents qui naissent. Tout comme je suis née… doula.


Mendryck & Aura-Victoria ont choisi la vie !

